Les madeleines, on les adore, on les dévore sans faim, et parfois même jusqu’à la fin du paquet…
Contrairement au gâteau moelleux et beurré en forme de coquillage, une madeleine de Proust, « memory trigger » en anglais, ou « magdalena de Proust » en espagnol ne se mange pas. Elle se vit et relève du champ de l’expérience. Si en anglais l’expression est assez facile à comprendre, d’où vient la version française et que signifie-t-elle ?
- Les origines de l’expression
- Sa signification
- Ses synonymes
- Liens avec la psychologie
Les origines de cette expression
La madeleine de Proust nous vient de la littérature française et plus précisément du roman de Marcel Proust (1871-1922) « Du côté de chez Swann », premier tome de « À la recherche du temps perdu ». Au début de l’œuvre, l’auteur trempe le délicieux gâteau dans sa tasse de thé que vient de lui servir sa mère. Cette scène lui rappelle avec une vive émotion l’époque où il vivait à Combray. Sa tante lui faisait goûter une madeleine qu’elle avait trempé dans son infusion.
Sa signification
La madeleine de Proust est un micro-événement, un objet ou autre phénomène qui déclenche une impression de réminiscence ou de mémoire involontaire. Dans notre vie quotidienne, nous avons tous en tête des objets, sons, couleurs qui nous replongent dans nos souvenirs. Cette réactivation déclenche en nous des émotions, une sensation de douce nostalgie. En anglais, le mot « trigger » décrit parfaitement le processus. L’expression en anglais est plus claire et nous donne immédiatement le contexte.
J’aime écouter sur France Culture l’émission culinaire « les bonnes choses » présentée par Caroline Broué. Diffusée les dimanches midi, elle comporte toujours une rubrique intitulée « La madeleine ». Une personnalité partage sa propre madeleine, c’est-à-dire un souvenir gustatif marquant.
Lien avec la psychologie
La madeleine de Proust est une expression qui ouvre une passerelle, celle de la psychologie, et plus particulièrement de l’inconscient et de la mémoire. Cette madeleine réveille des souvenirs qui reprennent vie dans le moment présent, de manière inconsciente. Un élément déclencheur qui n’avait à première vue, pas vocation à faire revivre des pans du passé, joue le rôle de stimulus pour le cerveau. À travers les sens, notre mental reconstitue des événements comme si nous faisions un bond en arrière. La madeleine nous fait remonter le fil de notre histoire personnelle.
Les synonymes de cette expression
Il n’existe pas de synonyme de cette expression dans notre langue. Une autre expression « pleurer comme une madeleine » existe, mais elle n’a pas la même signification. En anglais, elle se traduit par « to be in floods of tears » et en espagnol par « llorar como una Magdalena ». Dans les versions française et espagnole, on fait référence à la Bible et plus précisément aux larmes de Marie-Madeleine, ancienne prostituée qui pleura ses pêchés aux pieds de Jésus. Cette expression est utilisée pour désigner une personne inconsolable qui pleure abondamment. On remarque bien la prégnance de la culture religieuse dans les versions francophone et hispanophone.
Vous connaissez désormais l’origine et la signification de l’expression « une madeleine de Proust ». Et vous, quelle est votre madeleine ? Les langues sont riches et comportent de nombreuses expressions idiomatiques. Leur équivalence d’une langue à une autre est parfois surprenant. En transcréation, le linguiste utilise toutes ses connaissances linguistiques et des références culturelles telles que celle-ci pour créer un message impactant auprès du public francophone et en particulier du marché français.